Qu’est-ce que l’alimentation macrobiotique ?
L’essor des enjeux environnementaux et diététiques dans le monde pousse de plus en plus de personnes à changer leurs habitudes alimentaires. Régime controversé ou illumination sur un mode de vie plus sain, les bienfaits de l’alimentation macrobiotique divise. Mais qu’est-ce que l’alimentation macrobiotique ?
En quoi consiste le régime macrobiotique ?
Importée en France dans les années 50, la macrobiotique se positionne avant tout comme une philosophie de vie qui se retranscrit notamment dans les habitudes alimentaires.
Les principes du yin et du yang se retrouvent à l’origine même de l’unité du cosmos et de la vie où chaque élément possède un opposé complémentaire (le jour et la nuit, le froid et le chaud, le plein et le vide, l’obscurité et la lumière, etc.). En tant que produits d’énergie de la nature, la macrobiotique moderne accorde aux aliments les qualités énergétiques du yin et du yang en fonction de leur couleur, de leur forme, de leur composition chimique et de leur apport énergétique, et les classifie selon ces dernières.
La pratique de la macrobiotique dans l’alimentation telle qu’elle se pratique dans un restaurant implique ainsi d’ajuster son régime en fonction de ses besoins soit en matière de yin, soit en matière de yang pour composer un menu équilibré sans manque ni excès.
La macrobiotique insiste sur l’harmonie entre le corps et son environnement et implique donc de manger des produits de saison et du terroir. En principe, il n’y a pas d’interdit alimentaire : il suffit simplement de doser en bonne quantité les différents aliments pour ajuster l’équilibre. Le régime peut cependant se décliner à volonté en fonction de chaque individu. Dans sa forme la plus stricte, l’alimentation macrobiotique est entièrement végétalienne et se compose de céréales entières, de légumes, de légumineuses et d’algues. Dans une version plus flexible, le poisson blanc et les fruits sont autorisés.
Les origines du régime macrobiotique
On retrouve dès l’Antiquité des traces d’une forme de ce régime alimentaire particulier à travers les écrits d’Hippocrate, père de la médecine moderne. On retrouve dans ces écrits la maxime célèbre : « Que l’alimentation soit ta première médecine » ; une idée qui se rapproche des grands principes de la macrobiotique actuelle. Le terme macrobiotique (du grec « macros », grand et « bios », vie) se référait ainsi déjà à une pratique naturelle de santé et de longévité.
La relation entre l’alimentation et la santé (du corps et de l’esprit) n’est pas une découverte dans le monde oriental, pour qui le lien est établi depuis longtemps. Dans les monastères zen japonais, on consomme un régime qui améliore le jugement ; dans la philosophie taoïste, on fait le lien entre nourriture et spiritualité.
Au Japon, cette idée est retranscrite dans divers ouvrages comme Le livre des principes de vie nourrissants, (1713)d’Ekken Kaïbara et le système thérapeutique de Sagen Ishizuka. Fin XVIIIème siècle, C.W.Hufeland établit les fondements de la macrobiotique en publiant un ouvrage intitulé L’art de prolonger la vie, ou la macrobiotique.
On doit cependant la version actuelle de la macrobiotique à George Ohsawa qui unit à la fois la pensée matérialiste occidentale et la métaphysique orientale. En se basant sur les principes énergétiques du Yin et du Yang, Ohsawa fonde une véritable philosophie de vie à travers la pratique de la macrobiotique. Pour lui, le régime macrobiotique vise à se nourrir de la façon la plus juste possible et à atteindre une forme d’équilibre.
Michio Kushi, un disciple d’Ohsawa, répand les vertus curatives et diététiques du régime macrobiotique aux Etats-Unis, en proposant un régime standard conforme aux principes macrobiotiques pour faciliter son intégration au public. Elle s’étend par la suite dans le monde entier, où son elle est globalement acceptée, notamment dans les pays qui disposent d’une influence anglo-saxonne.
Les objectifs de l’alimentation macrobiotique
Les principaux objectifs de l’alimentation macrobiotique sont de maintenir la santé et une bonne hygiène de vie, tout en préservant l’environnement et en répondant aux besoins du corps.
Le régime macrobiotique se présente ainsi comme un rééquilibrage alimentaire pour correspondre aux besoins en matière énergétique, selon la classification d’Ohsawa.
L’organisme peut dès lors se développer en s’adaptant au profil de chacun : l’alimentation macrobiotique consiste ainsi à se nourrir de la manière la plus juste possible. L’alimentation macrobiotique promeut ainsi une harmonie entre le corps et l’univers, un équilibre entre les forces qu’on retrouve dans les préceptes du yin et du yang.
La maladie étant vue comme une rupture de l’équilibre, la macrobiotique positionne l’alimentation comme un remède. Le régime macrobiotique vise ainsi à prévenir des risques de maladie par la nourriture en réduisant le taux de sucre sanguin, en équilibrant le métabolisme et en renforçant l’immunité. C.W.Hufeland, à travers sa pratique de la macrobiotique, est ainsi considéré aujourd’hui comme l’un des précurseurs de la médecine préventive.
Quels aliments composent le régime macrobiotique ?
Selon les théories de Georges Ohsawa, le régime alimentaire macrobiotique s’articule autour du principe du Tao. Les aliments sont donc classifiés en fonction de leurs qualités nutritives yin ou yang.
Les aliments qui possèdent des caractéristiques énergétiques yin, c’est-à-dire positives, dont la force est passive :
- les tubercules comme la pomme de terre, la patate douce, l’igname, le taro ;
- le sucre raffiné
- les légumes crus
- les fruits tropicaux
- l’alcool
Les aliments qui possèdent des caractéristiques énergétiques yang, c’est-à-dire négatives, dont la force est émettrice, sont :
- la viande
- la volaille
- le sel raffiné
- le café
- les épices
L’alimentation macrobiotique trouve ainsi un équilibre entre ces deux extrêmes dans les céréales complètes (la moitié des aliments consommés chaque jour), les légumineuses (15%), les légumes (25% de la consommation quotidienne), les protéines (maximum 2 fois par semaine et essentiellement du poisson blanc et de la dinde), les produits à base de soja fermenté comme le miso. Le régime macrobiotique introduit également les algues telles que le kombu, le wakame, le nori ont des vertus antioxydantes et sont riches en minéraux.
La macrobiotique remplace également les produits industriels et raffinés – responsables des maladies modernes – par des aliments régionaux, issus de l’agriculture biologique et cultivés en parfait accord avec la nature. La consommation de produits d’origine animale est déconseillée, celle de produits laitiers n’est pas encouragée dans le régime macrobiotique et certains légumes sont à éviter : les tomates, les aubergines, les laitues et les asperges en raison de leur statut très yin – apport élevé en potassium.
Les aliments recommandés pour suivre le régime macrobiotique sont les condiments tels que le miso, le gomasio, le natto, le tamari ; les légumes secs et dérivés comme les haricots de soja verts, fermentés et les haricots japonais rouges. Sont également conseillés le thé vert, les mélanges de plantes, les boissons sans caféine.
Quels sont les bienfaits de l’alimentation macrobiotique ?
La macrobiotique présente de nombreux bienfaits pour la santé de notre corps. Le régime macrobiotique présente ainsi une alimentation riche en fibres et en protéines qui apporte une sensation de satiété et d’énergie. De plus, la vitalité se prolonge tout au long de la journée dans la mesure où les produits consommés sont « à chaîne lente », pas des sucres transformés rapides.
L’alimentation macrobiotique régule également le transit intestinal et aide à maintenir un taux de pH plus adapté à l’organisme, ce qui garantit la bonne santé de l’estomac ; des qualités anti-inflammatoires intéressantes. L’agilité mentale est renforcée car le régime macrobiotique optimise le fonctionnement du cerveau. Il réduit également le stress grâce aux propriétés des aliments consommés et assure ainsi la tranquillité de l’esprit. La consommation des calories est par ailleurs limitée dans le régime macrobiotique, ce qui stabilise la glycémie et le poids.
Par ailleurs, en rejetant les produits raffinés et transformés, l’alimentation macrobiotique valorise ainsi le respect de la nature et favorise ainsi des modes de consommations plus écologiques, dépourvus de produits chimiques.
Quels sont les inconvénients du régime macrobiotique ?
Les inconvénients sont tout aussi nombreux. En pratique, le régime macrobiotique est très restrictif puisqu’il exclut de nombreux aliments, et donc contraignant, difficile à suivre. Il est particulièrement difficile à intégrer dans un mode de vie occidental, puisqu’il requiert beaucoup d’aliments étrangers et inconnus aux palais occidentaux. L’alimentation macrobiotique vise à éliminer toutes les protéines animales de la consommation, ce qui peut provoquer des carences graves comme l’anémie – le manque de fer, le scorbut – le manque de vitamine C, l’hypoprotéinémie – le manque en qualité et en quantité de protéines, l’hypocalcémie – le manque de calcium, la déshydratation et le déficit de vitamines A, D et B12.
Le régime macrobiotique n’est donc pas adapté à tous les profils et est déconseillé aux femmes enceintes ou allaitantes, aux enfants et aux adolescents pour ne pas influer leur développement, aux personnes âgées, aux personnes atteintes de cancer et aux personnes dénutries.